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Les huiles essentielles contre-attaquent

Il flotte comme un vent de suspicion. Il semblerait bien que la confiance dans les progrès de la médecine, longtemps aveugle, faiblisse dans l’esprit du grand public.

 

C’est vrai – et c’est malheureux –, pratiquement toutes les molécules médicamenteuses chimiques s’accompagnent d’effets secondaires. Il n’est besoin que de lire les très longues notices qui les accompagnent pour s’en souvenir. D’après le rapport sur la iatrogénie de 2013, rédigé par le pharmacologue Bernard Bégaud et par l’épidémiologiste Dominique Costagliola, « des études de pharmacovigilance permettent d’avancer la fourchette de 10 000 à 30 000 décès attribuables chaque année en France à un accident médicamenteux » (Le Monde 4 mai 2016). Soit pour la fourchette haute, près de 10 fois plus que les morts sur la route. Avec un tel taux de mortalité, même traité de manière discrète par les média, la tentation est grande de chercher à faire de la prévention médicamenteuse comme on fait de la prévention routière. Toutes ces raisons alimentent le réel engouement pour une approche plus écologique que le tout chimique.

Mais la nature a une réputation de douceur, de placebo presque, qui la cantonne aux petits maux du quotidien et aux spas pour BO.BO. À tort ! L’étiquette est tout à fait injustifiée. Cet article est l’occasion de démontrer que lorsque la nature vient à la rescousse des impasses du tout chimique, c’est avec une très grande puissance, et… sans effets secondaires.

 

La saga de la lutte contre les microbes

Les microbes regroupent les bactéries, les champignons, les parasites et les virus. Ces êtres vivants minuscules sont composés d’une seule ou de quelques cellules, quand notre corps en comptabilise plus de dix mille milliards. Les bactéries, première forme de vie apparue sur terre, sont capables de coloniser tous les milieux, vivant ou minéral, aérobie ou anaérobie. Ce sont des bactéries qui sont à l’origine de la dégradation de certains monuments en pierre et du « nettoyage » avec le temps des dégâts causés par les marées noires. Elles survivent à des conditions extrêmes : températures très basses ou très élevées, concentration importante en sel ou en acides. Les bactéries à spores sont même capables de survivre des années dans une coque imperméable rigide en attendant des temps meilleurs. Bien sûr toutes les bactéries ne posent pas de problème pour la santé humaine. Et en temps normal, le corps humain dispose de tout un arsenal efficace pour se défendre. Mais il arrive toutefois qu’il soit débordé par la virulence du microbe à l’occasion par exemple d’un affaiblissement du terrain. Le microbe franchit alors les barrières de notre corps, – la peau, l’intestin ou les poumons – pour imprégner le milieu intérieur. C’est le cas lors des grippes, bronchites, angines, otites, sinusites, certaines diarrhées, certaines cystites, etc. En médecine, c’est la rapidité de leur processus de multiplication qui pose problème. Par le passé, les épidémies infectieuses mortelles, typhoïde ou grippe, ont fait des ravages dans les populations. Par exemple, la pandémie de grippe espagnole de 1918/1919 qui a fait 50 millions de morts selon l’institut Pasteur. Cette invasion peut être explosive si le microbe trouve des conditions favorables à sa prolifération. Progression éclair au sein du même organisme, mais également dans la population toute entière car la contagion d’une personne à l’autre est tout aussi rapide. Le contrôle des épidémies est d’ailleurs compliqué par le problème des porteurs sains, qui véhiculent le microbe sans pour autant développer la maladie, et donc sans savoir qu’ils participent à la propagation des germes.

Et c’est là qu’intervient un des progrès majeur de la médecine de XXème siècle : la découverte et l’utilisation des sulfamides et la pénicilline, c’est-à-dire des antibiotiques. Ce sont ces familles de médicaments, conjointement avec l’amélioration de l’hygiène de vie, qui sont à l’origine de l’éradication de la typhoïde, de peste ou du choléra. Hélas, trois fois hélas, ces antibiotiques ne sont actifs que sur les bactéries, et n’ont aucun effet sur les champignons, les parasites et les virus. Et surtout, on a crié victoire trop vite. Car ce progrès majeur de la médecine s’est vite transformé en problème majeur, à ce jour irrésolu, de la résistance des bactéries aux antibiotiques.

 

Quand la solution devient la source d’un nouveau problème

Toutes les avancées scientifiques des XIX et XXème siècles ont donné l’illusion que l’on avait les moyens d’atteindre enfin le bout du tunnel. Elles ont installé la croyance que la science médicale sortirait vainqueur du combat contre la maladie. La biologie était décomposable en éléments simples, et on a cru que l’expérimentation de leurs combinaisons, en théorie infinie, serait la clé du savoir. Ainsi, la conception très mécaniste qui en a découlé a figé l’art de soigner. En définitive, cette révolution médicale, très récente au demeurant, est basée sur l’utilisation grandissante de la chimie et de la biochimie, dans une attitude de rejet des anciennes pratiques, considérées comme imprécises et obsolètes. Soigner avec les plantes était tout simplement dépassé, obscurantiste et presque lié à la superstition.

Malheureusement, cette posture auto-suffisante et guerrière posait bien mal le problème. Car la conséquence de cette conception mécaniste est une vision fausse du vivant, avec l’idée simple qu’il suffisait de tuer les bactéries avec de bons antibiotiques pour éradiquer les maladies infectieuses. Simple mais prétentieuse. Car la mise en pratique des petites connaissances parcellaires de la science ont fait l’impasse sur le génie évolutif de la vie, et dans le cas qui nous occupe, de ce système de vie très ancien et très adaptable que sont les colonies bactériennes.

Chaque être de la biosphère, de l’organisme humain en passant par la plante, jusqu’à la bactérie, est bien équipé pour survivre à son environnement. Pour le monde bactérien, la clé de son fantastique pouvoir d’adaptation est liée à sa capacité de reproduction. Le professeur François Jacob, prix Nobel de Médecine illustrait cela en disant « le rêve d’une bactérie, c’est de faire deux bactéries ». Pour exemple, une toute petite colonie de mille bactéries peut en moins de huit heures donner naissance à plus de huit milliards de bactéries. Or à cette vitesse de reproduction, les mutations génétiques sont bien plus fréquentes. Ce sont les bactéries mutantes qui vont « résister » aux antibiotiques, les rendant inefficaces. Beaucoup de travaux à partir des années 80 ont montré que la montée de la résistance aux antibiotiques était le fait de traitement par antibiothérapies trop prescrits et mal prescrits. Prise de conscience salutaire qui a conduit à la campagne « les antibiotiques, ce n’est pas automatique », élargissant ainsi une réserve déjà appliquée depuis longtemps par les homéopathes et les phytothérapeutes.

 

Antibiotiques versus huiles essentielles

Pour résumer, les antibiotiques sont des molécules très jeunes. La découverte de Flemming remonte seulement à 1928 : c’est peu, et nous avons peut-être pêché par manque de recul. Les antibiotiques sont constitués d’une molécule unique qui facilite l’adaptation microbienne à l’origine du phénomène de la résistance. Elles sont seulement bactériostatiques et bactéricides, absolument pas viricides, et occasionnent de nombreux effets iatrogènes qui affaiblissent le terrain. Ainsi, le principe de précaution énoncé par Hippocrate « D’abord ne pas nuire » est de fait impossible à appliquer à cause des effets secondaires des antibiotiques. Soit un bilan très mitigé.

La science a-t-elle snobé la nature ? Il existait pourtant à portée de main dans la nature une alternative de choix. De fait, nous avons beaucoup plus de recul avec les huiles essentielles (HE), qui sont utilisées par les traditions du monde entiers depuis des siècles.

C’est à partir des aromates, autrement dit des plantes aromatiques que sont extraites les HE. On parle aujourd’hui d’aromathérapie, la thérapie par les aromates, application de l’aromatologie, la science des aromates. Elles sont puissamment efficaces et très bien tolérées par le corps humains [1].

Une huile essentielle contient entre 100 et 300 molécules différentes : un sacré challenge pour les bactéries qui voudraient s’adapter ! Les HE sont microbicides, c’est-à-dire qu’elles peuvent s’attaquer non seulement aux bactéries, mais aussi aux virus, aux champignons et aux parasites. En plus des pathologies virales, fongiques et parasitaires, elles sont très indiquées pour les affections inflammatoires, et les affections de tout l’appareil locomoteur, muscles tendons et articulations. Non seulement, elles ne « nuisent pas » pour reprendre la formule d’Hippocrate, mais elles procurent des effets bénéfiques supplémentaires sur la stabilisation du terrain, sur l’immunité, ou encore sur le moral.

À titre d’exemple d’activité supplémentaire positive, une étude turque de 1010 montre la corrélation entre les phénols de différentes espèces de crocus et son activité anti-oxydante [2]. L’aromathérapie est aussi une voie très efficace pour les désordres du système nerveux, qu’elle sait harmoniser et rééquilibrer. Ainsi, les HE représentent une ressource de choix, et des perspectives d’utilisation thérapeutique considérables. La seule description du champ d’application des HE, qui sonne comme une panacée, pourrait même nuire à notre article tant nous sommes conditionnés par la chimie moléculaire. Nous avons pris l’habitude de raisonner de façon symptomatique selon l’équation « 1 molécule (chimique) = 1 affection ». Or, le concept de « totum concentré des stratégies de défenses d’un élément vivant » permet de sortir de ce paradigme étroit, en toute humilité face au génie du vivant.

 

De la dynamite naturelle

La puissance des HE vient en grande partie du mode d’extraction des principes actifs, la distillation. Ce procédé permet en effet de concentrer des composés aromatiques volatils extraits à la vapeur d’eau, et… rien d’autre. Aucune molécule qui pourrait servir de nourriture à une quelconque bactérie ou parasite. Une huile essentielle est parfaitement stérile. Ce sont des composés extrêmement stables et solides, qui passent des épreuves comme résister à plus de 100°C, parfois pendant plusieurs heures. On a pu retrouver des HE intactes dans des amphores vieilles de 2000 ans au fond de la mer. Donc pas d’excipient, pas d’agent de charge, pas de conservateur. Juste l’essence de la plante qui se suffit à elle même.

Et il y a même mieux : les qualités des HE peuvent servir à la conservation des aliments. En effet, une étude de 2014 [3] a étudié le profil antimicrobien de 15 huiles essentielles du commerce en vue de leur éventuelle utilisation pour la conservation de denrées alimentaires périssables. La grande majorité de ces huiles essentielles se sont avérées efficaces contre des pathogènes de type salmonelle ou Escherichia coli ou encore le redoutable Pseudomonas fluorescens. L’étude conclue que les HE peuvent servir d’alternative naturelle pour prévenir les proliférations bactériennes dans les produits alimentaires.

L’avancée majeure toutefois porte bien sur la question problématique de la montée de la résistance aux antibiotiques. Une autre étude, de 2014 elle aussi, Huiles essentielles, un nouvel horizon dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques bactériens a mis en évidence les possibilités des HE comme agent de modification de la résistance potentielle, notamment en combinaison d’une antibiothérapie [4]. Cela sonne comme un espoir pour mieux gérer les maladies nosocomiales, et pour sortir de l’impasse des phénomènes de résistance. Les huiles essentielles à la rescousse de l’hôpital en somme… Il faut se souvenir que ces composés sont le résultat de la défense du végétal contre toute sorte d’agressions : insectes, parasite, intempéries, soleil, vieillissement, etc. La plante renferme ainsi en son sein les molécules qui lui ont permis de se défendre et de survivre, comme les traces de son combat pour s’adapter. Une HE, c’est de la défense naturelle en concentré liquide ! Concentré qui contient tout le mystère du vivant, qui reste encore non décodé entièrement par la science. Mais on a fait des progrès.

 

L’aromathérapie selon « l’École française »

Contrairement aux idées reçues, l’aromathérapie est liée à la tradition médicale en France. Ce sont d’ailleurs des français qui jalonnent l’histoire de l’émergence des HE dans la pharmacopée contemporaine. Le pharmacien René-Maurice Gattefossé d’abord, véritable père de l’aromathérapie moderne, célèbre pour avoir soigné très rapidement une brûlure provoquée par une explosion dans son laboratoire, en plongeant sa main dans un bain d’HE de lavande vraie. Il découvre ainsi fortuitement le pouvoir cicatrisant et calmant de la lavande. Puis le docteur Valnet, chirurgien militaire qui a beaucoup mis par écrit pour le grand public son expérience et sa pratique de terrain. Et Pierre Franchomme ensuite, connu internationalement pour avoir introduit la notion fondamentale de chémotype, qui permet d’établir de façon rigoureuse le lien entre la composition biochimique et les propriétés thérapeutiques de l’huile. Cette approche permet de mieux cibler les effets thérapeutiques tout en diminuant les risques de toxicité. Car si une HE n’occasionne pas d’effet secondaire, elles sont potentiellement toxiques, et ce risque est à la hauteur de sa puissance thérapeutique. Ainsi, l’utilisation « familiale » des huiles essentielles implique donc une indispensable connaissance et des révisions fréquentes.

Contrairement à d’autres approches plus faciles d’accès, comme l’homéopathie, on manie avec les HE des substances qui ne souffrent pas l’à peu près. L’aromathérapie ne peut se suffire d’un usage « au doigt mouillé », faute de quoi son utilisation pourrait être inopportune, décevante et peut-être même dangereuse. Elles nous ouvrent un monde de possibilité de prévenir ou améliorer sa santé, mais il faut le faire à bon escient, avec discipline et un esprit responsable.

 

Assistanat versus éducation

Doit-on vider la maison des allumettes et couteaux qu’elle héberge pour éviter les blessures des enfants, ou doit-on faire confiance aux vertus pédagogiques d’un bon enseignement ? Que chacun choisisse pour lui-même. Rappelons simplement que si les HE sont en vente libre aujourd’hui, le contexte général ne va pas dans le sens du libre choix et de l’autonomie thérapeutique. D’ici à ce qu’on nous ponde une nouvelle loi restrictive…

Pourtant, l’usage des plantes et des huiles de plante est vieille comme le monde. C’est la connaissance intuitive de la flore indigène il y a 30 000 ans, qui a permis aux Aborigènes l’emploi de plusieurs espèces de Malaleuca, dont les HE font encore aujourd’hui partie des plus utilisées. La période reine des HE reste l’Égypte ancienne, surtout à la période des pharaons, par leur maîtrise des embaumements. En Europe, après une période d’oubli, on assiste au retour de ces pratiques aux XIIème et XIIIème siècles, quand les chevaliers ramenèrent ces usages thérapeutiques avec eux, en rentrant des croisades. Alors, pourquoi pas nous ?

Mais plusieurs critères doivent être respectés pour garantir à la fois l’efficacité de l’HE, et surtout son innocuité. Nous l’avons dit et répété, l’aromathérapie est précieuse parce qu’elle est efficace, si elle est efficace, c’est qu’elle est puissante, et donc à manier avec prudence. Il est donc impératif de connaître les contre-indications et d’appliquer les précautions d’emploi. Mais vous allez voir qu’il n’existe en définitive qu’un tout petit nombre de règles à apprendre.

 

Usage familial : mode d’emploi

Cinq principes à respecter :

[-]  Le respect absolu du dosage maximal quotidien. En cas d’ingestion accidentelle, faire ingérer beaucoup d’huile végétale alimentaire pour les diluer avant de faire vomir, et contacter le centre anti-poison. 
[-]  Le temps de prise : ce ne sont pas des substances que l’on peut prendre longtemps en continu. 
[-]  L’âge : certaines HE comme le Bois de Rose ou le Niaouli sont tout à fait sûres, même chez les bébés. D’autres sont contre-indiquées avant 6 ans. Conserver les HE hors de la portée des enfants trop petits pour comprendre qu’on ne joue pas avec les HE. 
[-]  L’exclusion d’application au niveau des muqueuses ou des zones de peau fine (creux axillaires ou inguinaux) des yeux et conduit auditif. En cas d’accident, diluer là encore dans une huile végétale. Ne pas laver à l’eau, car les huiles se répartiraient mieux sur toute la surface de l’œil, ce que l’on cherche bien sûr à éviter. 
[-]  Préférez l’unicisme et la voie cutanée ! Laissez les formules complexes aux aromathérapeutes compétents et souvenez-vous que le mélange plusieurs huiles se comportent comme une nouvelle huile. Restez dans sur les sentiers battus au moins au début.

 

Les quatre classes biochimiques à connaître

Mais notre chapitre pédagogique n’est pas terminé. Il est indispensable de bien connaître au minimum quatre classes biochimiques avant de se lancer. Elles concentrent à elles seules les molécules potentiellement toxiques, qui font l’objet de précautions d’emploi. Vous aurez ainsi la possibilité de les éviter complètement pendant toute votre phase d’apprentissage. Il reste bien d’autres classes à découvrir, sans aucune toxicité potentielle.

Par ordre de dangerosité :

[-]  Les cétones à un pourcentage supérieur à 10 %. Elles sont abortives, donc formellement contre-indiquée pendant toute la durée de la grossesse. Elles sont également neurotoxiques, c’est-à-dire qu’elles peuvent entraîner une obnubilation, des vertiges, voire des convulsions comme lors d’une crise d’épilepsie. Le cas d’école est la thuyone, cétone la plus neurotoxique que l’on trouve dans les armoises et le thuya, et pour laquelle on a pu observer un état extrême comme un coma. Ces huiles ne sont pas en vente libre. Elles ne sont jamais utilisées avant 6 ans, et en très petites quantité de 6 à 12 ans. Pour illustrer l’importance du chémotype, la lavande officinale est tout à fait sûre d’emploi, la lavande aspic totalise environ 15 % de cétone mais la lavande stoechade jusqu’à 80 %. Conclusion : ne vous trompez pas de lavande ! Toutefois les cétones sont très utiles comme cicatrisantes externe, antipathogène (virus, parasite) ou encore immunostimulante.

[-]  Les phénols sont dermocaustiques, ce qui est une contre-indication pour la voie cutanée. Il convient de les diluer dans une huile végétale, toujours en dessous du seuil de 25 %. Cette causticité est pire au niveau des muqueuses et donc aussi de la bouche. Attention à la voie interne « sauvage ». Les phénols sont aussi hépatotoxique, à exclure dans les cas de pathologie hépatique, et chez les enfants de moins de 6 ans. En général, c’est cette toxicité hépatique qui nous fera réduire les durées de traitement sur du court terme (de 10 à 20 jours d’affilé). Mais bien utilisés, les phénols restent cette arme anti-infectieuse « à large spectre » redoutable, avec laquelle il est très utilise de se familiariser. De nombreuses études l’ont démontré, notamment « Propriétés antibactériennes des huiles essentielles végétales » paru dans International Journal of Food Microbiology de novembre 1987 [5]. En pratique, sachez que les eugénols extraits de la cannelle feuille et du giroflier sont des phénols plus doux, donc plus facilement utilisables.

[-]  Les monoterpènes. La classe des monoterpènes est la plus répandue donc la plus variée. Il est difficile d’en faire une présentation générale. Retenez qu’ils sont potentiellement dermocaustiques, mais dans une bien moindre mesure que les phénols. La sensibilité au monoterpène est inconstante, très individuelle, donc variable d’une personne à l’autre. On en tiendra compte surtout pour des peaux fragiles et réactives. Une bonne habitude à prendre est de « tester » sa réactivité à une huile en appliquant une goutte dans le pli interne du coude où la peau est particulièrement fine. Si rien ne se passe au bout d’une demi-heure, nous pouvons en conclure l’absence de causticité sur nous même et l’utiliser en toute tranquillité. Un monoterpène très intéressant comme antalgique percutané, est le paracymène, du thym à thymol ou de la sarriette des montagnes par exemple. Mais il est souvent dermocaustique. Si on ne veut prendre aucun risque, le simple fait de diluer l’huile à 50 % réglera le problème. On peut encore souligner le cas particulier de certains monoterpènes de genévrier ou de térébenthine qui pourraient être toxiques pour le rein. Donc à éviter absolument chez les insuffisant rénaux et à limiter dans le temps chez tous le monde.

[-]  Les coumarines. C’est une classe très nombreuse : on en recense plus de 1 000 molécules. Les coumarines sont des substances qui sont délivrées en toute fin de distillation, ce qui explique qu’elles soient présentes en très petite quantité, autour de 1 %. Elles sont dites photosensibilisantes, c’est-à-dire que lors de l’exposition au soleil, elles provoquent un érythème cutané. En réalité, seules les furocoumarines et les pyrocoumarines présentes en majorité dans les agrumes sont problématiques. En pratique, pour éviter ce genre de réaction, il faut impérativement respecter un délai de 6 heures entre leur utilisation et l’exposition au soleil. Si l’on préfère, on peut aussi prendre la précaution de ne les utiliser que le soir.

 

Une médecine de l’âme

Les HE sont des produits naturels qui sont à la fois matière, énergie et information. Elles sont capables de relancer l’élan vital, concept central des approches vitalistes. Chaque plante a une personnalité, une signature. Tandis que les principes actifs, très matériels et concentrés, agissent sur les troubles fonctionnels, ce sont les fragrances qui agissent sur le mental en agissant directement sur le cerveau olfactif. C’est ce qui a fait dire à de nombreux auteurs que les HE, comme les plantes, ont une âme. Nous savons maintenant combien une HE est complète, plus riche qu’un simple antibiotique. Que l’aromathérapie peut corriger de nombreuses affections de la vie courante, et remplacer avantageusement les antibiotiques dans de très nombreux cas. Mais, elle peut aussi équilibrer le terrain d’une personne et agir sur son bien-être psychologique. Les huiles essentielles mettent une touche de poésie dans la manière d’appréhender un souci de santé. Qui a déjà vu un enfant surexcité comme une puce se calmer instantanément, et tomber littéralement dans un sommeil paisible après avoir seulement respiré quelques instants une huile essentielle de camomille noble, comprend de quoi nous parlons. L’aromathérapie est une belle science, certes pas tout à fait exacte, qui de surcroît n’a pas livré tous ses secrets, mais qui nous invite à venir à sa rencontre.

 

Ma trousse personnelle…

En réalité, beaucoup de mère de famille se sont déjà emparées des HE comme elles l’ont fait de l’homéopathie pour suivre au jour le jour la santé de leurs enfants, en y trouvant des solutions efficaces pour les affections de la vie courante qui ne requièrent pas de visite chez le médecin. S’il faut laisser aux médecins phytothérapeutes et aromathérapeutes le champ médical du traitement des affections importantes, se constituer une trousse pour la maison ou les voyages est une très bonne idée. L’aromathérapie progresse tous les jours dans le monde médico-scientifique, et cette progression peut aller de pair avec l’utilisation bien menée des HE au sein des familles, pour les plus vieux comme pour les plus jeunes, y compris les bébés.

Mais s’intéresser aux HE dans l’optique de prévenir et d’entretenir sa santé ou son bien-être sous-entend une implication active. Maîtriser les bases demande un effort certain. Ayez surtout un bon esprit logique et beaucoup de rigueur. Avant toute utilisation, prenez le temps de la vérification dans les indispensables livres que vous devrez vous procurer. Car vous l’avez compris, il est impensable d’improviser avec les HE. Comme récompense, vous gagnerez en autonomie, et les résultats seront souvent au rendez-vous. Les HE nous obligent à travailler avec un esprit de sérieux sur de l’inconnu, du poétique et du flou, c’est-à-dire avec tout le mystère du vivant.

Un esprit rigoureux pour appréhender un monde de mystère : n’est-ce pas un défi passionnant ?

 

– Section Santé E&R –

Notes

[1] « Antimicrobial and Antioxidant Activities and Phenolic Profile of Eucalyptus globulus Labill. and Corymbia ficifolia » (F. Muell.) K.D. Hill & L.A.S. Johnson Leaves / Molecules 2015, 20(3), 4720-4734 ; doi:10.3390/molecules20034720

[2] « Phenolic profiles, antimicrobial and antioxidant activity of the various extract of Crocus species in Anatolia. ResearchGate/July 2010

[3] « Antimicrobial activitiesof commercial essential oils and their components against food-borne pathogens and food spoilage bacteria ». http://onlinelibrary.wiley.com/doi/…

[4] « Essential Oils, A New Horizon in Combating Bacterial Antibiotic Resistance ». Oneline 2014 Feb 7. doi : 10.2174/1874285801408010006

[5] « Antibacterial properties of plant essential oils ». International Journal of Food Microbiology/ Volume 5, Issue 2, November 1987

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