À un mois du printemps, le moment est idéal pour préparer les premiers semis. Nous rappelons que faire son potager est une façon de lutter à la fois contre l’empoisonnement alimentaire et la crise économique. Un potager bien géré de 100 m² peut produire la plus grande partie des légumes d’une famille de 4 personnes du printemps à la fin de l’été !
Voici quelques conseils d’Au Bon Sens pour réussir son potager en 2016.
Choisir des graines
Les graines doivent être de qualité biologique, c’est-à-dire prélevées sur des fruits et légumes non-traités et qui ont poussé naturellement.
Elles ne doivent pas être enrobées : les agents d’enrobage sont souvent constitués d’argile, mais aussi d’engrais, d’additifs et de répulsifs. Sans que ce soit dramatique (le plus important étant la vie de la plante qui donnera vos récoltes), il est préférable de choisir des graines non-enrobées.
Elles doivent être reproductibles : c’est-à-dire non-hybrides. L’intérêt étant que vous n’aurez pas à racheter des graines chaque année. Il vous suffira de prélever des graines sur vos fruits et légumes obtenus et de les laisser sécher jusqu’à l’année suivante. De plus, ces graines peuvent être croisées entre elles et donner des variétés personnalisées et originales à l’inverse des graines hybrides (ou « F1 ») qui donnent des fruits dont les graines sont stériles.
La législation reconnaît une quantité définie de graines autorisées, elles sont inscrites dans le catalogue officiel des espèces et variétés végétales et sont reconnues pour leurs intérêts économiques (autrement dit de rendement) et de standardisation. Au-delà de ces variétés, la distribution des graines est interdite aux professionnels. Sur aubonsens.fr, nous proposons une sélection de graines de variétés anciennes non-présentes au catalogue pour préserver la biodiversité dans nos jardins et faire redécouvrir ces légumes dont les supermarchés nous feraient oublier les diverses formes et saveurs.
Choisir le terrain
En premier lieu, il faut choisir un espace : de taille raisonnable, ensoleillé et aéré, facile d’accès pour l’entretien, l’arrosage et les récoltes. Pour les premières années, ne voyez pas trop grand. Même si vous avez envie de tout faire, sélectionnez plutôt un petit nombre de plants classiques : courges, courgettes, haricots, tomates, aubergines, poivrons, aromatiques…
Il est bon d’avoir des proportions en tête : pour un potager de printemps/été, un terrain de 100 mètres carré produit une bonne part des légumes d’une famille de 4-5 personnes. Pour cette même famille, 4 à 5 plants de chaque variété représentent un bon début.
Inutile donc, si vous débutez, de planter de tout sur un grand terrain : vous serez vite dépassés par ce que vous ne connaissez pas, et vous risquez d’être découragés par la quantité de travail.
Une fois l’espace choisi, il faut le travailler avant d’y planter quoi que ce soit. Ce n’est pas la peine de labourer toute votre terre pour la rendre lisse et sans herbe, ce serait inutilement fatiguant et agressif. Votre sol a besoin de la diversité végétale qu’apportent les « mauvaises herbes » et tout ce qui va avec (racines, vers, insectes…). Travaillez donc des rangées avec une grelinette, une bêche ou une pioche en nettoyant la surface et en enlevant les racines superficielles. Retirez les grosses pierres qui pourraient gêner les racines de vos plants.
Vous aménagerez ainsi votre potager en lignes de terre nue (deux fois la largeur d’une pelle, soit 50 cm environ) séparées de la flore naturelle de votre sol.
Vous pouvez aussi former des buttes de terre parallèles les unes aux autres sur lesquelles vous mettrez vos plants. C’est une technique plus gourmande en eau, mais qui nécessite moins de travail de désherbage.
Il existe enfin le plan du « potager en carré » réjouissant esthétiquement mais qui fait perdre de l’espace. Technique assez intéressante pour les plantes aromatiques souvent prolifiques (menthe, basilic, ciboulette, estragon…). Les appareils (bineuse, coupe-herbes, motoculteur) vous faciliteront le travail si vous y avez accès mais ne sont vraiment pas indispensables.
Apprenez à connaître la qualité de votre terre et les plants qui y pousseront le mieux (une terre argileuse préférera des choux, brocolis ou salades, le calcaire les aubergines, carottes ou tomates…) et agissez en conséquence pour la nourrir (y rajouter par exemple du fumier, des cendres, de la paille).
Cultiver
Le semis
La majorité des cultures commencent par des semis, c’est-à-dire la mise en terre de chaque graine dans des petits contenants (du gobelet artisanal – sans BPA évidemment –, à la boîte à semis chauffée par résistance). Les semis se font dans du terreau de qualité biologique, pour éviter tous les engrais, nitrates ou additifs indésirables.
Cette phase réveille la graine de sa « dormance » (à savoir son stade de repos qui nous permet de la conserver plusieurs années). Elle attaquera sa germination : s’ouvrir par la poussée du germe, et devenir successivement graine germée (graine avec germe), jeune pousse (germe avec quelques feuilles) puis plant (pousse plus solide avec feuilles). C’est ce stade délicat qu’il faudra surveiller à l’abri du froid, du vent, de l’excès d’eau, de la sécheresse, ou autres conditions qui pourraient tuer le processus. La pousse a besoin d’eau, de chaleur et de soleil. Le tout sans excès. Dans de bonnes conditions, cette phase prendra environ deux semaines.
Une serre ou une véranda est idéale pour réunir ces conditions. Plus les conditions sont favorables, plus la croissance sera rapide. À l’inverse, si les conditions sont mauvaises, votre plant risque de végéter et de mettre plus longtemps à grandir. Il faut savoir que certaines graines se plantent directement dans le sol : haricots, pois, céréales, carottes…
Le repiquage
Le « repiquage » est la mise en place sur votre terrain. Il se fait dès que votre jeune plant est assez robuste pour supporter le changement de conditions. Il faut que votre sol soit bien réchauffé : ne vous précipitez pas trop tôt dans l’année pour repiquer vos semis. Attendez que les dernières gelées soient passées, que le soleil soit bien présent et que la température du sol soit idéale. Le repiquage peut être réalisé assez tôt (mi-avril) dans les régions douces, ou plus tard (fin avril/début mai) dans le nord de la France.
Techniquement, le repiquage est un jeu d’enfant : il suffit de creuser un petit trou, d’y mettre votre semis (en prenant garde de ne casser aucune racine), et de combler le trou avec de la terre en tassant doucement. Arrosez vos plants dès que vous venez de repiquer. Vous pouvez économiser de l’eau et du temps de désherbage en posant autour de chaque plant une couche de pierres, de pailles, de copeaux ou de branches.
Entretenir son potager
Un arrosage régulier est nécessaire, les plants sont plus ou moins gourmands en eau. Vous pouvez arroser à l’arrosoir (fastidieux mais économique), à l’arrosage automatique (beaucoup de gaspillage mais pratique et facile), au goutte-à-goutte ou à la bouteille plantée dans le sol (idéal mais plus long à mettre en place). L’excès d’humidité accentuant souvent le risque de maladie, il est préférable d’arroser le plant à sa base plutôt que de mouiller toutes ses feuilles, tiges et fruits. L’arrosage se fait quasi-quotidiennement en été, il y a deux écoles : au coucher du soleil pour permettre au sol de bien absorber l’eau sans qu’elle ne s’évapore ou bien au petit matin pour éviter un choc thermique sur le plant après une journée de grosse chaleur.
Le désherbage est très important : les mauvaises herbes lutteraient contre vos plants pour la nourriture, le soleil et l’eau ! Si c’est fait régulièrement, c’est très rapide, surtout si vous recouvrez votre terre de paille ou de pierres. L’idéal est de le faire tous les 3-4 jours en arrachant toutes les mauvaises herbes qui pousseraient autour de vos plants. Pensez à arracher les racines, et pas seulement la partie visible. Vous pouvez laisser les herbes arrachées sur place, elles seront « mangées » par la terre en quelques jours et serviront à la nourrir.
Protégez votre potager des nuisibles : pour les mammifères, taupes, belettes, rongeurs, gibiers si vous habitez en forêt, dissuadez-les par deux lignes de fil électrifié à 8 cm et 25 cm de hauteur ou du grillage. De même si vous avez des animaux domestiques (chiens, chats, poules), qui prennent un malin plaisir à abîmer votre travail. Pour les invasions d’insectes, la meilleur façon de lutter est de préserver la biodiversité. Les araignées, acariens, coccinelles et autres insectes indigènes seront le système immunitaire de votre potager. Pour vivre ils auront besoin de ces fameuses bandes de mauvaises herbes que vous laisserez entre vos rangées. La rotation des cultures d’une année sur l’autre est aussi un très bon moyen de se préserver des insectes nuisibles et des maladies, et celle-ci profitera à la terre. La technique la plus classique consiste à séparer votre terrain en quatre parties selon les types de culture, dont une qui sera laissée en jachère.
Les fleurs, en particulier la capucine, vous aideront à lutter contre les pucerons et embelliront votre jardin. Vous pourrez aussi utiliser des traitements biologiques, comme le savon noir, pour repousser les envahisseurs.
Afin de se donner des idées, nous disposons de nombreuses excellentes vidéos de jardiniers amateurs sur Égalité & Réconciliation, comme les séries Voyage à la surface de la terre ou À cœur tout vert.
Le potager enfin prêt, il ne reste plus qu’à y planter les légumes que vous aurez choisis. Avec un entretien léger mais régulier vous retrouverez bientôt le vrai goût des légumes, tout en vous réappropriant le droit que la nature vous a donné : manger des aliments sains, bons et gratuits !
À bientôt sur aubonsens.fr !
Très intéressant je démarre un jardin familial cette année